La vie continue... avec une petite flamme qui nous éclaire

Vivre le deuil après le décès de son bébé...



 

 



Marie est une étoile dans le ciel : dessin de Ferdinand le 26 février


"Bébé est devenu un ange" : Dessin réalisé par Joséphine à l'école, lundi 6 mars 2006 :

Voici sept mois que Marie nous a quittés... Il est temps de commencer à écrire, pour ne pas oublier, et peut-être pour vous aider, vous qui vivez un deuil, à vous sentir moins seul(e), à retrouver des émôtions communes, à croire que l'on peut s'en sortir...

Avec le recul, on se revoit et on se demande comment on a eu la force de passer à travers tous ces moments terribles : apprendre l'impensable, revenir à la maison les bras vides, accomplir les formalités civiles, vivre l'enterrement, la montée de lait, entendre sans cesse le téléphone, répéter 100 fois la même histoire alors que l'on voudrait qu'elle n'ait jamais eu lieu... C'est vraiment une période terrible, d'autant plus que l'on a encore du mal a réaliser ce qui se passe vraiment. Le coeur saigne, on est comme amputé de soi-même, de ses projets, de son avenir. On voudrait mourir parfois, retrouve son bébé, le serrer contre soi... Ce moment qui ne devait être que du bonheur, qui se transforme subitement en drame immense, c'est tellement dur, tellement injuste.

Nous sommes beaucoup sortis dans les semaines qui ont suivi la mort de Marie. On voulait revivre vite, fort, effacer quelque part les traces. Je tenais pour mon mari et mes enfants, eux tenaient pour moi. J'avais une carapace terrible... On a été à un bal, à un ou deux cocktails, à la réunion d'anciennes de l'école où j'ai fait mes études, je suis retournée à la piscine,...

C'est alors que j'ai attrappé une terrible scarlatine qui m'a clouée au lit durant 7 jours. Ca m'a fait du bien, en fait, d'accepter ma faiblesse et de mesurer physiquement l'ampleur de ma peine. Il faut passer par là, même si c'est dur. Toucher le fond pour commencer à remonter...

Il y a ensuite eu une période atroce de culpabilité, que je ne me sens pas encore prête à raconter...

Nous avons survécu à la mort de Marie, à cette terrible épreuve qu'était l'accouchement. Le plus dur est passé, et nous avons eu la force de vivre malgré tout. Chaque jour, on vit des choses difficiles : voir une femme enceinte, voir le bébé d'une copine enceinte en même temps, croiser un nourisson allaité, retourner à la maternité,... C'est chaque fois dur mais en même temps, si on passe à travers, on est encore plus fort et plus grand.

L'étoile de Marie
L'étoile de Marie (dessin de Ferdinand, octobre 2006)

Perdre son enfant en fin de grossesse, alors que tout va bien, c'est comme tomber du septième étage d'un immeuble : en bas, on est comme un vase cassé en mille morceaux. On se sent complètement fragile, vulnérable. Et puis, petit à petit, les morceaux se recollent. Un jour, on éprouve un petit plaisir (tiens, on est encore capable d'être heureux pour quelque chose ???). Le lendemain, on se surprend à se réjouir (mais comment est-ce possible ?), à apprécier le bleu du ciel (mais il y a encore de belles choses sur terre, pas possible !)...

Après 6 mois, la peine est différente qu'au début. Moins viscérale, mais beaucoup plus triste, je trouve. L'absence se fait vraiment sentir. Au début, on est plutôt amputée, on ne réalise pas qu'elle va nous manquer toute notre vie. Pour mon mari, tout est à l'intérieur, c'est difficile de lui faire extérioriser sa peine mais je sais qu'elle est là aussi. Mes enfants sont super. Jospéhine (6 ans) vient de me ramener un magnifique dessin d'un petit ange rayonnant au milieu d'une immense étoile. Superbe... Ferdinand (8 ans) est comme son Papa, plus secret, et je sais qu'il a de la peine aussi, que ça prendra du temps. Un jour il m'a dit "ma vie était belle avant", comme si la mort de Marie lui avait fait prendre conscience que la Vie est parfois difficile...

Marie dans son étoile
Marie dans son étoile
(dessin de Joséphine : sept. 2006)
Notre famille au grand complet
Notre famille au complet
(dessin de Joséphine : août 2006)

J'ai été renvoyée de mon travail, et en fait ça m'arrange car je souhaitais démarrer une toute nouvelle carrière d'indépendante, me remettre complètement en question côté professionnel, prendre de gros risques, me prouver que je serai capable de les surmonter, comme ça je pourrai aussi surmonter la mort de Marie.

Le bon côté c'est que je me sens nourrrie par ces 9 mois d'amour si intense, et que ça me porte vraiment, c'est une énergie très positive en moi. Bien sûr, je suis beaucoup plus fragile qu'avant, mais tout autour, j'ai quand même reconstruit la carapace nécessaire pour aller de l'avant.

En 6 mois, on parcourt pas mal de chemin, c'est vrai. Pas de nouvelle grossesse en vue pour le moment et peut-être jamais... C'est encore un deuil à faire, et je ne suis pas encore prête à le faire.

On avance de trois pas, on recule d'un pas, mais au final, on avance... La Vie vaut la peine d'être vécue, malgré tout !

Quelques photos de nous juste après le décès de Marie...

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J'écris énormément dans mon cahier
(1/3/2006)
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Calins avec Joséphine
(3/3/2006)
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Trois générations de femmes !
(3/3/2006)
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Nicolas va se mettre au modélisme
(il a vu grand !)
(4/3/2006)
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Ferdinand et sa Grand-Mère
(4/3/2006)

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Petit tour au jardin
(7/3/2006)

Un apéro à nous deux

(10/3/2006)

Premiers travaux au jardin
(12/3/2006)

(14/3/2006)